Un grand nombre de patients diabétiques rencontre des
problèmes d’érection. Ils n’osent souvent pas en parler à leur médecin, alors
qu’il existe aujourd’hui des traitements efficaces. Le point avec le docteur
Nicolas von der Weid, diabétologue.
1 .Quelle est la définition médicale de la
dysfonction érectile?
C’est une
incapacité persistante d’obtenir et/ou de maintenir une érection, c’est-à-dire
une rigidité suffisante du corps caverneux du pénis pour permettre le
déroulement satisfaisant du rapport sexuel. Pour que le diagnostic de
dysfonction érectile soit établi, il faut que les troubles rencontrés par le
patient soient présents depuis plus de trois mois ou récidivants.
2.Quelles en sont les causes?
Avant, on
pensait que les 95% d’entre elles étaient d’origine psychologique. Aujourd’hui,
on sait que 25% sont d’origine psychologique, 45% ont une part psychologique et
organique, et 25% sont purement organiques. Parmi ces dernières, 40% sont
d’origine vasculaire, 30% sont le fait du diabète (ce dernier étant souvent
accompagné de problèmes vasculaires), 3% ont une cause purement endocrinienne,
6% surviennent à la suite d’une opération de la prostate ou de radiations, 10%
suite à des maladies neurologiques et 15% à cause de médicaments qui peuvent
aggraver la fonction érectile.
3.Le diabète est donc une cause fréquente?
C’est un
grand pourvoyeur de dysfonctions sexuelles. Il est la première cause organique
des troubles de l’érection. On estime que 50% à 75% des hommes atteint d’un
diabète de type 1 ou 2 sont touchés. Mais cela varie avec l’âge. Entre 20 et 30
ans, ils sont 10%. Lorsque le diabète a plus de dix ans, le chiffre peut
atteindre les 50%.
4.Comment l’explique-t-on ?
Avoir une
bonne fonction érectile est compliqué: il faut un système endocrinien, un
système neurovégétatif et un endothélium (la couche de cellules qui tapisse
l’intérieur des vaisseaux et du cœur) intacts. Or, chez les diabétiques,
l’ensemble du réseau artériel est atteint. En outre, dans les diabètes de type
2, l’excès de graisse génère l’augmentation d’une enzyme qui convertit les
testostérones (hormones masculines) en œstrogènes (hormones féminines). C’est
dire la dimension du problème.
5.Pourtant, on en parle très peu…
Certains
patients abordent le problème dans l’intimité du cabinet. S’ils ne le font pas,
j’essaie de leur poser la question et de les inciter à en parler puisqu’il
existe des traitements. Il faut savoir choisir le moment: c’est parfois plus
difficile pour eux d’en parler en présence de leur compagne.
6.En quoi consiste la prise en charge?
Dans un
premier temps, on procède à un examen complet pour détecter un éventuel
problème vasculaire et entreprendre de le traiter. On préconise aussi d’arrêter
de fumer. On va équilibrer le diabète, qui a un effet fâcheux sur les nerfs. On
va également faire un dosage hormonal pour exclure un problème de testostérone
et, le cas échéant, le traiter par une compensation sous forme d’injections ou
de gel. On éliminera les médicaments qui pourraient causer des problèmes sur le
plan de la fonction érectile, comme c’est le cas avec certains traitements
contre l’hypertension, les maladies cardiaques, les allergies, la dépression,
l’anxiété, et on les remplacera par d’autres ne présentant pas ces effets
secondaires.
7.Vous abordez aussi l’aspect psychologique?
C’est bien
sûr l’un des facteurs qu’il convient également d’évaluer. Les problèmes de
couple sont plus fréquents qu’on ne l’imagine. Le diabète est souvent associé à
une dépression parce que c’est une maladie chronique, douloureuse,
contraignante. Cela a inévitablement des répercussions sur le couple.
8 .Une fois ces paramètres réglés, que faire si
la dysfonction sexuelle persiste?
Aujourd’hui,
dans la plupart des cas, ces troubles se traitent efficacement grâce à des
vasodilatateurs. Le Cialis®, LE Viagra® et le Levitra® ont représenté une
véritable révolution. Ces médicaments, qui ont à peu de chose près les mêmes
propriétés, agissent en permettant l’afflux de sang dans le corps caverneux,
donc en provoquant une rigidité durable du muscle pénien. L’érection est ainsi
amplifiée et maintenue plus longtemps. Mais ce ne sont pas des aphrodisiaques:
ils ne font qu’aider en agissant comme un catalyseur. Si l’homme n’éprouve pas
de désir, il n’aura pas d’érection. Par ailleurs, il peut arriver que les
problèmes vasculaires ou neurovégétatifs soient tels que cela ne fonctionnera
pas.
9.Existe-t-il d’autres solutions?
On peut
proposer des dispositifs mécaniques, les pompes à vide, ou l’implant de
prothèses sophistiquées. Mais celles-ci sont réservées aux situations extrêmes,
elles sont très coûteuses (entre 8000 fr. et 30 000 fr.) et non remboursées par
les assurances-maladie.
10.Que peut-on faire sur le plan de la prévention?
Equilibrer
son diabète et arrêter de fumer peuvent apporter des améliorations. Perdre du
poids aura aussi des effets favorables, tout comme avoir une activité physique
régulière.
11.Les traitements médicamenteux sont chers (20 fr. le
comprimé). Que pensez-vous des offres que l’on trouve sur l’internet?
Il vaut
mieux passer par la voie traditionnelle, c’est-à-dire le médecin traitant et la
garantie du pharmacien, parce qu’il existe des contre-indications pour ces
traitements. Les prendre sans avoir fait un bilan médical et sans être suivi
peut être dangereux. Par ailleurs, personne ne sait ce que contiennent
exactement les comprimés que l’on peut acheter sur l’internet.
11.Des pannes fréquentes
Les troubles
de l’érection sont fréquents. En Suisse, on estime que 39% des hommes ont
occasionnellement des problèmes d’érection et 11% au moins une fois sur deux.
Or, par pudeur ou parce qu’ils pensent qu’il n’existe aucun traitement, les
hommes ne consultent pas. Le risque est alors d’entrer dans un cercle vicieux:
un trouble de l’érection momentanée entraîne une anxiété lors des rapports, qui
peut elle-même générer le développement d’un trouble permanent.
On estime qu’entre 70% et 80 % des troubles érectiles sont liés à des maladies. Le diabète est la cause la plus fréquente, mais le tabac, les traumatismes de la moelle épinière, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, les maladies hormonales, l’hypertension artérielle et les traumatismes de la colonne vertébrale et du bassin sont aussi à l’origine de pannes sexuelles.
On estime qu’entre 70% et 80 % des troubles érectiles sont liés à des maladies. Le diabète est la cause la plus fréquente, mais le tabac, les traumatismes de la moelle épinière, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, les maladies hormonales, l’hypertension artérielle et les traumatismes de la colonne vertébrale et du bassin sont aussi à l’origine de pannes sexuelles.
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2 مارس 2021 في 10:04 ص